Christopher Wool
CHRISTOPHER WOOL

-
Le Consortium
Curated by Anne Pontégnie
Christopher Wool, Le Consortium, 16 rue Quentin, 2002.
Christopher Wool, Le Consortium, 16 rue Quentin, 2002.
Christopher Wool, Le Consortium, 16 rue Quentin, 2002.
Christopher Wool, Le Consortium, 16 rue Quentin, 2002.

Né à Chicago en 1955, vit à New York.


 

Pour la première fois en France, Le Consortium propose une exposition de Christopher Wool. Pour la première fois aussi, cette exposition explore le rôle que joue la photographie dans l’œuvre de l’artiste. Comme technique d’abord — la sérigraphie avec un groupe exceptionnel de huit peintures récentes ; comme pratique quotidienne ensuite, avec 150 polaroïds qui racontent les étapes successives d’une peinture et exploitent les accidents de cadrage et les reflets pour devenir des œuvres à part entière ; et enfin comme témoin du rapport étroit que la peinture de Wool — souvent considérée comme abstraite et minimaliste — entretient avec le réel, grâce à un groupe inédit de 200 photographies de New York prises la nuit. Pour accompagner ces œuvres qui dressent un portrait précis et complet de l’artiste, l’ensemble des posters, des livres et des éditions réalisés par Christopher Wool au cours de ces vingt dernières années permettront d’approfondir la découverte d’une œuvre essentielle, qui déborde des quelques clichés qui lui sont trop souvent associés.

Christopher Wool est né à Chicago en 1955. À 19 ans, il s’installe à New York où il commence des études de cinéma et participe aux mouvementsartistiques qui agitent alors le East Village. Après des études de cinéma puis un passage comme assistant chez le sculpteur Joel Shapiro, il commence à peindre des œuvres où l’image et le geste de peindre se confondent, des compositions qui se caractérisent par une élimination quasi totale de tout élément à l’exception du processus lui-même : pas de couleur et pas de composition. Comme l’explique l’artiste : « On retire la couleur, on retire le geste… plus tard on peut les réintroduire mais il était plus facile d’expliquer les choses parce qu’elles ne sont pas que parce qu’elles sont. »

Progressivement, il réintroduit un sujet à l’aide d’outils utilisés dans la décoration : des tampons et des rouleaux qui permettent d’imprimer des colonnes de motifs végétauxLa composition — imposée par le rouleau ou le tampon — manifeste une indifférence issue à la fois du nihilisme punk et de Warhol. Comme les gouttes, coulures, effets de flous, répétitions et reprises qui l’accompagnent — derniers refuges de l’expression — doiventà parts égales à Pollock et à Omette Coleman.

En 1987, Wool inaugure une série qui deviendra emblématique de son œuvre : les peintures de mots, formule dérivée du graffiti, du rythme du rap et de la poésie concrète. Toujours en noir et blanc, les lettres qui les composent sont imprimées avec des tampons trempés dans du vernis. Les mots arbitrairement coupés perdent de leur sens et de leur lisibilité. La nonchalance — travailler à partir de ready-made : des mots et des expressions trouvées — y rencontre la maladresse : les coulures et les retouches sont revendiquées comme une technique picturale, et les références : de Raoul Vaneigem à George Clinton.

Le texte de « Sell the house, sell the car, sell the kids » (1991) est issu d’Apocalypse Now et celui de « Run Dog Run » d’un morceau de P. Funk de George Clinton.

Petit à petit, notamment avec la peinture à la bombe et la sérigraphie, Wool trouve les moyens de se libérer des contraintes qu’il s’était imposées pour inventer une peinture consciente de sa propre histoire mais qui travaille à dénicher les derniers espaces d’expressions possibles. Il utilise de la peinture blanche et noire pour recouvrir ses sérigraphies — agrandissement, extrait, citation de ses œuvres précédentes — en s’amusant à effacer pour construire et composer. La rature et la correction sont utilisées pour brouiller et multiplier les significations. Ajoutés à ces superpositions complexes de sérigraphie et de peinture, on trouve des motifs plus larges et un geste plus libre. Depuis deux ans, l’artiste a même recommencé à travailler la couleur.

Richard Prince, Robert Gober, Martin Kippenberger et Larry Clarck sont parmi les artistes avec lesquels Christopher Wool a souvent collaboré.
Anne Pontégnie