Plamen Dejanov & Swetlana Heger
Plamen Dejanov, Swetlana Heger

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Le Consortium
Curated by Eric Troncy
Plamen Dejanov & Swetlana Heger, exhibition view, Le Consortium, 1998. Photo André Morin © Le Consortium
Plamen Dejanov & Swetlana Heger, exhibition view, Le Consortium, 1998. Photo André Morin © Le Consortium
Plamen Dejanov & Swetlana Heger, exhibition view, Le Consortium, 1998. Photo André Morin © Le Consortium
Plamen Dejanov & Swetlana Heger, exhibition view, Le Consortium, 1998. Photo André Morin © Le Consortium
Plamen Dejanov & Swetlana Heger, exhibition view, Le Consortium, 1998. Photo André Morin © Le Consortium

Outre deux ensembles de lampes – Space Pearls (falling down), 1998 et Library Lights, 1998 –, Plamen Dejanov et Swetlana Heger présentèrent For Rent (Ninety Blue Submarines), 1998, et Plenty Objects of Desire, projet initié en 1997 au Kunstverein de Ludwigsburg, travail alors – et toujours – « in progress » composé, en l’état, de six plates-formes sur lesquelles étaient présentés autant d’ensembles d’objets – œuvres d’art, mobilier… – destinés chacun à un espace domestique particulier (bureau, chambre à coucher, jardin d’hiver, living…). Destination littérale, et non allégorique, puisque la totalité des objets réunis sur les plates-formes de Plenty Objects of Desire servira à l’aménagement d’un appartement-extension du Kunstverein à Berlin fin 1998, que Dejanov & Heger entendent développer comme une « interface » entre l’art et d’autres disciplines, un lieu de discussion où sera interrogé le devenir, la circulation, les temps de production et d’exposition de l’œuvre d’art. Les plates-formes étaient présentées en ligne sur toute la longueur de la salle principale, en plein sous la source de lumière (des rangées de fluorescents formants un rectangle au plafond), disposition qui faisait apparaître l’installation tout entière comme un « showroom » commercial.

La salle adjacente (For Rent) était quant à elle, et là encore, littéralement, transformée en un espace de type commercial « à louer », salle laissée initialement vide (à l’exception du panonceau accroché au mur qui indiquait sa fonction), et dont pouvait disposer librement, moyennant finances, toute entreprise intéressée – plusieurs répondirent immédiatement à l’appel d’offres, aménageant chacune une zone de présentation publicitaire. Les revenus ainsi générés, de même que ceux liés à l’emploi (en l’occurrence de peintre en bâtiment) exercé par l’un des deux artistes pendant la durée de tout le projet (y compris les émoluments d’une conférence à l’école nationale des Beaux-Arts) furent directement réinvestis dans la constitution même de la « collection » présentée sur les plates-formes.

Le travail de Dejanov & Heger ne s’intéresse pas aux questions de goût ou à l’objet en tant que tel (ce dernier prenant d’ailleurs un statut de résultat provisoire). Il se fonde sur les relations entre l’art et les structures économiques.

L’oeuvre qui en résulte se donnant explicitement à entendre comme un investissement pour lequel un retour est attendu. Chaque nouvel objet acquis l’étant en fonction de sa disponibilité préalable sur le marché, le paradigme de la production en art (et de sa critique éventuelle) est ici remplacé par celui du service ; c’est ce dernier qui est le produit véritable de leur activité, maintenant de manière lisible la distinction entre l’objet du désir et son économie.

V. P.