Ugo Rondinone
Ugo Rondinone

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Le Consortium
Curated by Eric Troncy
Ugo Rondinone, L’Usine, 37 rue de Longvic, 1997.
Ugo Rondinone, L’Usine, 37 rue de Longvic, 1997.
Ugo Rondinone, L’Usine, 37 rue de Longvic, 1997.
Ugo Rondinone, L’Usine, 37 rue de Longvic, 1997.
Ugo Rondinone, L’Usine, 37 rue de Longvic, 1997.

 

Une cimaise verte supporte six photographies sur fond bleu, six photomontages où le visage de Rondinone, maquillé mais aussi souvent mal rasé, s’incruste sur le corps gracile et filiforme d’une femme en combinaison moulante de skaï, ou en minijupe ultracourte, dans une ambiance vaguement sadomaso… Derrière ce mur, dans une autre salle, trois « cibles » peintes sur toiles (de plus de deux mètres de diamètre), aux couleurs chatoyantes et aux contours vaporeux, partagent l’espace d’accrochage avec une installation sonore, composée de six haut-parleurs disséminés sur toute la hauteur d’un coin de mur, montrant un entre-lac de fils électriques et vibrant sous l’effet de pulsations régulières. En face des photographies, un exemple de grand décor, un paysage dessiné à l’encre de chine, envahit une paroi de près de dix mètres de long sur plus de quatre de haut. Une lumière chaude, intense, s’échappe par l’ouverture aménagée à une de ses extrémités. Lumière qui provient d’un couloir étroit (où des fluorescents jaunes diffusent un éclairage saturé), courant au revers du mur, et qui dessert une grande salle (sans apport de lumière), entièrement doublée de panneaux de pin, tout comme le corridor qui y conduit. Quatre films vidéo projetés sur des zones écrans peintes en blanc à même le doublage de bois et depuis le sol, y montrent autant de clowns immobiles, assis, couchés ou vautrés. Des figures qui s’apparentent aux personnages des grandes machines de la peinture. Des images de clowns hors circuit, où le souci de composition et de cadrage est remarquable, alors que le bruit amplifié de leur respiration introduit une tension qui ravive l’effet dérangeant de leur présence quasi-fixe. Une exposition construite sur les passages (y compris la traversée d’une nature « sauvage »), tel celui d’un pôle contemplatif (voyeuriste) à une situation de nervosité grandissante. Mais aussi une mise en scène de l’auto représentation personnelle (et du travestissement) à travers la suite des photographies, et d’une représentation générique renvoyant à la question de la position sociale de l’artiste, via l’archétype du clown…

A.-L. E.