Andreas Schulze
Andreas Schulze

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Le Consortium
Curated by Éric Troncy
Andreas Schulze, "Ohne Titel (Organic Mondial)", 2014. Courtesy de l'artiste et de la galerie Sprüth Magers, Berlin, Londres, Los Angeles et New York.

Né en 1955 à Hanovre, Allemagne. Vit et travaille à Cologne, Allemagne.


Remerciements : galerie Sprüth Magers, Berlin, Londres, Los Angeles et New York.


 

Les premières expositions d’Andreas Schulze (il est né en 1955 à Hanovre) au début des années 1980, eurent lieu alors qu’il était encore étudiant à la Kunstakademie de Düsseldorf – il y fut professeur trente ans plus tard, entre 2008 et 2024.
Il affirma un style, un vocabulaire et une intention auxquels il est resté remarquablement fidèle durant plus de quatre décennies : son œuvre ne s’est ni éclaircie ni résolue au fil du temps.
Dès les années 1980, sa peinture ni néo-expressionniste (un courant avec lequel il a pourtant été associé) ni néo-géo, ni totalement abstraite ni littéralement figurative, en fit un cas à part, finalement éloigné des mouvements dominants, mais suffisamment proche d’eux pour qu’on puisse imaginer entre eux un dialogue. Considéré comme un singulier, individualiste, sa peinture n’a pas dérivé de cet axe initial au gré des évolutions du goût et de l’intérêt porté à la peinture comme médium dans les quarante années passées.

L’exposition au Consortium Museum (la première en France depuis 30 ans) rassemble trente toiles (et une sculpture) réalisées entre 1982 et aujourd’hui – Schulze a réalisé deux nouvelles peintures pour l’exposition – et s’intéresse en particulier aux toiles de grand format qui ponctuent son œuvre. Débarrassée, avec le consentement de l’artiste, des stratégies d’exposition qu’il convoque souvent (murs peints, accrochage non linéaire…), l’exposition offre un accès classique et sans détour à cette peinture résolument singulière où formes abstraites et surfaces colorées laissent parfois la place à des éléments de mobilier, des paysages ou des portraits, des objets quotidiens (des briques, des voitures, des chaises – une poule, même !), pièces apportées à la construction patiente d’un univers mentalement habitable. Par sédimentation, l’œuvre a fabriqué un monde homogène, où la science-fiction rencontre à l’occasion des expressions de la société contemporaine.

Ont été également réunies pour l’exposition au Consortium Museum les trois grandes peintures et la sculpture, désormais disparates, qui formaient l’œuvre Untitled (Polaroid Raum, Polaroid Space), 1982, la première installation de Schulze qui marqua les esprits et les rétines – l’œuvre, aux proportions conséquentes, fait danser sa palette colorée sur le souvenir du Who’s Afraid of Red Yellow and Blue (1966-1970) de Barnett Newman qu’elle emporte dans des cieux orageux, et se présente comme le décor idéal pour les clips vidéo qui furent si populaires dans les années 1980.

De même, a été reformée l’installation Traffic Jam – un projet récurrent chez Schulze depuis la fin des années 1990 – dans laquelle une série de toiles représentant des voitures, à taille réelle, exposées quasi touche à touche, forment une frise renvoyant l’image d’un vaste embouteillage urbain. "Des œuvres qui semblent ridiculiser la fétichisation de ce produit industriel, en rappelant toutefois la grande nécessité de ce fétiche" (Spruth Magers, 2016).

— Éric Troncy