Bertrand Lavier
Bertrand Lavier

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Le Consortium
Bertrand Lavier, "Christmas/Griffet", 1997. Exhibition view, Le Consortium, 1997. Photo André Morin © Le Consortium.
Bertrand Lavier, "Christmas/Griffet", 1997. Exhibition view, Le Consortium, 1997. Photo André Morin © Le Consortium.

Bertrand Lavier, Pylône-Chat,1993 et Christmas Griffet, 1997

Deux pièces pour l’espace intérieur et extérieur de l’Usine à Dijon.

La première, Pylône-Chat, donne à voir une portion grandeur nature, d’un pylône de ligne électrique à haute tension, qui vient s’enchâsser entre sol et plafond dans la grande salle d’exposition. Le fragment cadré, de charpente métallique de fer plat gris minium, prolonge et développe, ici en trois dimensions, une pièce murale de 1989, intitulée, Photo Relief n° 1, montrant un détail d’un assemblage analogue de fers plats. Le cadrage suggéré de l’appareil photo dans le premier cas de 1989 est remplacé par celui que l’espace opère dans le deuxième cas. Il est aussi plaisant de se souvenir de la brève séquence au générique du numéro 1 du magazine vidéo Prime Time où Lavier, filmé en contre-plongée, arpentait le plateau venté au-dessus de Sombernon, au milieu des pylônes électriques, en expliquant, mètre en main, les proportions et mesures à relever pour la confection de sa future installation dijonnaise. La gracilité de la sculpture ainsi réalisée, sa transparence au regard, énonçait une nouvelle monumentalité light.

À l’automne 1997, pendant le festival Nouvelles Scènes, Lavier s’installe dans la cour de l’Usine avec une pièce de la série des objets décorés, débutée à la Biennale de Venise l’été précédent. Titrée Christmas/Griffet, l’œuvre montre un camion-grue militaire de fort tonnage décoré de guirlandes et de boules de Noël. La parure étant à l’échelle du camion. Le propos décoratif trouve ici une justification littérale. Dans l’armée, la décoration vient sanctionner un acte de bravoure, de courage voire d’abnégation, en tous les cas elle prouve le mérite.

Elle se porte sur le cœur, et suivant les occasions, avec discrétion ou ostentation. Dans la cour de l’Usine, le lourd camion-grue mérite bien sa décoration, qui le fait devenir un gros jouet pataud et fascinant comme le sont les feux d’artifice, les sapins de Noël et leurs cadeaux emballés qu’il est toujours consternant de découvrir.

Christmas/Griffet ou l’insigne d’une distinction honorifique.

Franck Gautherot