Richard Hamilton
Editions & Multiples

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Le Consortium
Curated by Xavier Douroux
Richard Hamilton, "Editions & multiples", exhibition view, Le Consortium, 2003.
Richard Hamilton, "Editions & multiples", exhibition view, Le Consortium, 2003.
Richard Hamilton, "Editions & multiples", exhibition view, Le Consortium, 2003.
Richard Hamilton, "Editions & multiples", exhibition view, Le Consortium, 2003.

 


Richard Hamilton est né en 1922 à Londres, et mort en 2011 à Northend.


Richard Hamilton est considéré comme le père du Pop Art anglais. Le Consortium présente un ensemble de gravures et multiples produits entre 1960 et 2002, précédemment exposés au Kunstmuseum de Winterthur en Suisse.

Cette exposition dévoile l’étendue de la maîtrise par l’artiste, des techniques d’impression et d’édition et une exploration de « la réalité qui l’entoure », dès les années cinquante et selon la pensée qui anima l’Independent Group auquel il appartint. Plus qu’un style, Hamilton développe dans son œuvre une attention aigüe au potentiel perceptif offert par la création de masse d’objets et d’images : recompositions d’intérieurs et de salons en véritables allégories de la société des années soixante ; appropriations d’objets et de signes, depuis les enseignes publicitaires de Ricard (Advertisement, 1975 ; Sign, 1975) aux objets ménagers ou aux gadgets caractéristiques de l’obsolescence de cette époque : grille-pain, pin’s, voiture (Toaster, 1967 ; Epiphany, 1989… ) ; réinterprétations de paysages et de personnages d’une société de consommation émergeante et d’une culture populaire qui a usurpé aux beaux-arts le rôle de faiseur de mythes, composent son œuvre et reflètent un univers auquel le traitement artistique avec l’usage de techniques de reproduction propres à la société de masse fait parfaitement écho. Le cinéma comme la télévision (série am Dreaming of White Christmas, Kent State, 1970), la musique rock comme la mode (série des Swinging London, The Beatles, dont la couleur de l’affiche réalisée par l’artiste a finalement usurpé le titre à l’album désormais nommé « album blanc », etc.) furent pour lui matière à des réalisations qui  débordent leur propre actualité vers des questions artistiques plus traditionnelles : l’étude de la perspective, la référence à des genres classiques tels que le paysage.

Cette exposition découvre la singularité de son travail et l’évolution de ses centres d’intérêt avec les années et les avancées technologiques. Sans délaisser la sérigraphie, le collotype, la gravure en creux ou encore la lithographie, Hamilton explore dans les années 1980 des procédés photographiques et les techniques informatiques : scanner, quantel paintbox. Comme Marcel Duchamp dont l’œuvre l’a souvent influencé, Hamilton réorganise et reconstruit perpétuellement son travail, s’autorisant à revenir sur des éditions (à l’instar de l’édition intitulée Just What Is It That Makes Today’s Homes so Different?, dont la version exposée au Consortium date de 1994 et fait référence au collage réalisé par Hamilton en 1956 pour l’exposition This Is Tomorrow, fondatrice du Pop Art) et à terminer des projets parfois abandonnés (Five Tyres Abandonned, 1964 ; Five Tyres Remoulded (portfolio), 1971). Progressivement, les sujets qu’il aborde évoluent et l’optimisme des années 1960 est gagné par une certaine désillusion à partir des années 1970, époque à partir de laquelle il se tourne vers la réalisation de compositions florales et d’intérieurs (Putting On De Stijl, 1979 ; Berlin Interior, etc.).

Enfin, la maîtrise et le croisement des techniques d’impression permettent à Hamilton de maintenir une ambiguïté permanente quant à la nature reproductible de ses œuvres : ses multiples nous font vivre un événement perceptif dont l’objet nous semble toujours unique. Cette exposition permet de découvrir plus d’une soixantaine d’éditions et multiples, et de saisir l’importance du travail de Hamilton, trop peu montré en France.
Xavier Douroux