"Le Monde comme volonté et comme papier peint"
Constant Nieuwenhuys (dit Constant), Gustave Courbet, John Armleder, Louise Bourgeois, Magdalena Abakanowicz, Marc Camille Chaimowicz, Marie-Louise Breslau, Michael Asher, Valentin Carron, Yves Alix,

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Consortium Museum
Curated by Stéphanie Moisdon
"Le Monde comme volonté et comme papier peint," 2012, exhibition view - Photo © Bruno Voidey/Consortium Museum
"Le Monde comme volonté et comme papier peint," 2012, exhibition view - Photo © Bruno Voidey/Consortium Museum
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"Le Monde comme volonté et comme papier peint," 2012, exhibition view - Photo © Bruno Voidey/Consortium Museum
"Le Monde comme volonté et comme papier peint," 2012, exhibition view - Photo © Bruno Voidey/Consortium Museum
"Le Monde comme volonté et comme papier peint," 2012, exhibition view - Photo © Bruno Voidey/Consortium Museum

 

Avec : Magdalena Abakamowicz, John Armleder, MIchael Asher, Yves Alix, Louise Bourgeois, Marie-Louise Breslau, Marc Camille Chaimowicz, Valentin Carron, Constant, Gustave Courbet, Verne Dawson, Thea Djordjadze, Peter Doig, Trisha Donnelly, Etienne-Martin, Rainer Fetting, Peter Fishli & David Weiss, Lissy Funk, Eugene Guillaume, Sheila Hicks, Konrad Klaphek, Bertrand Lavier, Jean Lecoultre, Fernand Léger, Jean Lurçat, Etienne Martin, Henri Martin, Jean-Baptiste Martin, Kenneth Martin, Ron Martin, Jason Martin, William Morris, Ron Nagle, Auguste-Louis Ottin, Mai Thu Perret, Jean Picard-Ledoux, Ken Price, Willem De Rooij, Thomas Ruff, Jean-Frédéric Schnyder, Rosemarie Trockel, Xavier Veilhan, Christopher Williams

 

Le personnage principal de La carte et le territoire de Michel Houellebecq n’est pas un artiste mais un chauffe-eau. L’art contemporain n’est ni le sujet ni le motif du livre mais la fin de l’âge industriel en Europe, la gloire du capitalisme, son achèvement.
Au travers de la description des périodes artistiques de Jed Martin, de son exploration de la modernité et de sa fin, s’actualisent différentes visions réalistes autour des notions de production, de travail, de métier, de matière et de « technique ».
Plusieurs passages du livre évoquent la présence des machines, des objets manufacturés, au destin tragique, en voie de disparition, mais aussi des procédures, des questions formelles (la représentation, la répétition, le report ou la surimpression), des notions critiques ou politiques (l’utopie de Fourier, l’architecture fonctionnaliste de Le Corbusier, l’invention des fabriques d’art au temps de William Morris et des préraphaélites).
Dans ce roman de courte anticipation, on peut voir le monde changer, la France se transformer en une région agricole et touristique. Où l’auteur y décrit un monde sans déterminisme, livré au hasard, aux pannes, où chaque existence, individuelle et collective, peut à chaque instant bifurquer. Un temps historique, dont la fin est celle de la victoire de la nature, indifférente au drame humain, dernier atelier de Jed Martin.
Car à la fin, les choses se dissolvent, « puis tout se calme, il n’y a plus que des herbes agitées par le vent. Le triomphe de la végétation est total. »
« Je crois que j’en ai à peu près fini avec le monde comme narration – le monde des romans et des films, le monde de la musique aussi. Je ne m’intéresse plus qu’au monde comme juxtaposition – celui de la poésie, de la peinture »

Michel Houellebecq, La Carte et le territoire, éditions Flammarion, 2010, page 259

« Plus que de la science-fiction, Lafferty donne parfois l’impression de créer une sorte de philosophie-fiction, unique en ce que la spéculation ontologique y tient une place plus importante que les interrogations sociologiques, psychologiques ou morales. Dans Le Monde comme volonté et papier peint (le titre anglais, The World as Will and Wallpaper, donne de plus un effet d’allitération), le narrateur, voulant explorer l’univers jusqu’à ses limites, perçoit au bout d’un temps des répétitions, se retrouve dans des situations similaires, et finit par prendre conscience que le monde est constitué d’entités de petite taille, nées chacune d’un acte de volonté identique, et indéfiniment répétées. »

Michel Houellebecq, Sortir du XXe siècle, in Lanzarote et autres textes, Librio 2002

« Au préalable, je vous demanderais d’étendre l’acception du mot « art » au-delà des productions artistiques explicites, de façon à embrasser non seulement la peinture, la sculpture et l’architecture, mais aussi les formes et les couleurs de tous les biens domestiques, voire la disposition des champs pour le labour ou la pâture, l’entretien des villes et de tous nos chemins, voies et routes ; bref, d’étendre le sens du mot « art », jusqu’à englober la configuration de tous les aspects extérieurs de notre vie. Je voudrais en effet vous persuader qu’il n’existe rien de ce qui participe à notre environnement qui ne soit beau ou laid, qui ne nous ennoblisse ou ne nous avilisse, qui ne constitue pour son auteur ou bien un écrasant supplice, ou bien un plaisant réconfort. Qu’en est-il donc de notre environnement actuel ? Quel bilan serons-nous en mesure de dresser pour les générations futures de notre commerce avec la terre, une terre que nos ancêtres nous ont transmise fort belle encore, malgré des millénaires de guerroiement, de négligence, d’égoïsme ? »

William Morris, L’art en ploutocratie, conférence prononcée à l’Université d’Oxford, 14 novembre 1883