Pablo Picasso
Picasso devant la télé

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Consortium Museum
Curated by Laurence Madeline
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum
"Picasso devant la télé," 2013, exhibition view - photo © André Morin/Consortium Museum

Picasso regardait très régulièrement la télévision, comme l’atteste une citation de Brassaï en 1962 : « Maintenant [Picasso] se passionne pour la télévision. Depuis un an et demi, il l’a à la Californie… » Mais jusqu’à quel point a-t-il laissé les images contaminer son œuvre ? L’exposition Picasso devant la télévision, présentée au Cabinet d’arts graphiques, décrypte les liens inattendus entre des programmes télévisuels et les derniers travaux de Picasso, notamment ses gravures réalisées entre 1966 et 1970.
On a beaucoup insisté sur le dialogue que Picasso entretenait avec les maîtres des musées. Or l’artiste s’est aussi toujours intéressé aux modes d’expression populaires comme les journaux, la publicité ou le cinéma. Dès 1960, Picasso regarde régulièrement la télévision et certains programmes comme ceux dédiés au cirque, au catch ou les films retiennent toute son attention. Le langage télévisuel (le noir et blanc, la vitesse, le processus narratif…), l’arrivée en masse d’images de toute nature, dont certaines rejoignent ses préoccupations de toujours, opèrent alors une influence sur la production artistique de ses dernières années. Liens directs ou plus distendus entre les deux : il s’agit, côté télévision, d’un flux permanent d’images ; il s’agit, côté Picasso, d’images fixes, dont le rythme de production s’accélère, certes, mais qui valent comme des espaces clos, pris dans un immense réseau d’influence et d’autoréférence.
La gravure occupe une place suffisamment prépondérante dans l’œuvre de Picasso pour que l’on se risque à lier l’influence de la télévision à un incontestable « revival » de cette technique à partir de 1968. Le noir et blanc, règle unique du petit écran jusqu’alors, connaît cependant un extraordinaire renouveau dans les recherche de l’artiste, avec parfois une exacte inversion des valeurs : le noir domine et le blanc arrive en flaques lumineuses. Entre mars et octobre 1968, Picasso réalise en effet 347 gravures qui constituent la Suite 347, oeuvre centrale de cette exposition.

Parcours de l’exposition
La présentation s’organise en quatre parties qui constituent aussi les quatre grands domaines de prédilection de la télévision : le divertissement, les feuilletons, le cinéma et l’actualité.
Le divertissement : Picasso regardait le catch et le cirque, deux thèmes qui reviennent abondamment dans son œuvre gravé et qui sont des passions de jeunesse.
Les feuilletons, historiques le plus souvent, forment la base des programmes TV. Parmi les figures marquantes : Zorro de Disney. Les costumes, les intrigues, les rebondissements alimentent la production de Picasso dans son postulat pour la narration, contre l’abstraction et le minimalisme.
Le cinéma : Picasso et Jacqueline regardaient ensemble de vieux films à la télévision. Péplums, westerns, drames, comédies : plus de 150 films ont été présentés sur les 3 chaînes accessibles à Picasso (1ère et 2ème chaînes françaises et Télé Monte-Carlo), entre mars et octobre 1968, période durant laquelle il réalise la Suite 347. Citation directe ou carambolages d’images, les compositions de Picasso traduisent ce brouhaha de personnages : Indiens, guerriers, odalisques…
L’actualité enfin, et quelle actualité ! Les événements de Mai 1968, auxquels Picasso réagit de façon paradoxale et surprenante. Avec sa planche Caricature du Général de Gaulle avec deux femmes, réalisée en avril, on constate qu’il ressent l’anachronisme d’un homme et d’un gouvernement vieillis dans un monde nouveau et qu’il prévoit l’inévitable collision entre l’ancien libérateur de la France et les générations nouvelles.
Laurence Madeline 

Exposition co-produite avec les Musées d’Art et d’Histoire de Genève.