Wang Du
Réalité jetable (détail), 2000-2017

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Consortium Museum
Curated by Collection Le Consortium
Wang Du, "Réalité jetable (détail), 2000-2017," 2017-2018, exhibition view - Photo © André Morin/ Consortium Museum
Wang Du, "Réalité jetable (détail), 2000-2017," 2017-2018, exhibition view - Photo © André Morin/ Consortium Museum
Wang Du, "Réalité jetable (détail), 2000-2017," 2017-2018, exhibition view - Photo © André Morin/ Consortium Museum
Wang Du, "Réalité jetable (détail), 2000-2017," 2017-2018, exhibition view - Photo © André Morin/ Consortium Museum

Wang Du (1956, Wuhan, Chine)


Remerciements : Galerie Laurent Godin, Paris


Collection Le Consortium. Réalité jetable, fut exposée au centre d’art Le Consortium en 2000.

Pour ce projet, Wang Du a créé de nouvelles façons d’affronter l’aspect spatial, à la manière d’une rédaction de presse dans laquelle l’artiste aurait le rôle du rédacteur en chef. Sur les pages/dans l’espace, il arrange les images sélectionnées et éditées selon leurs dimensions afin de créer une tension et une relation appropriées à l’espace.

Portant le titre Réalité jetable, cette pièce regroupe quinze sculptures différentes, conçues à partir d’images de magazines. La stratégie des objets jetables se trouve être le moyen le plus efficace pour vendre à bas prix des objets en plastique qui sont néanmoins nécessaires et omniprésents. Mais en tant qu’extension de cette idée élémentaire, toute chose dans notre environnement consumériste actuel est devenue jetable, l’objet comme le concept, l’idée et la tendance, même l’architecture. La durée limitée et la résistance de courte durée sont devenues des caractéristiques de notre environnement quotidien.

Il a fallu deux mois pour finaliser ce projet avec l’aide d’une dizaine d’assistants dont le travail exigeant constitua la part essentielle de la pièce.
Avec l’utilisation de l’argile pour donner forme au plâtre et du silicone pour réaliser les moules, l’espace du studio entreprit une sorte de voyage dans le temps, un retour à la tradition manuelle de la sculpture.

On se retrouve à mille lieues de l’ordinateur, de l’univers tridimensionnel assisté par un laser, qui est habituellement d’usage dans la pratique sculpturale contemporaine.
Le plâtre, une matière fragile et éphémère qui compose ces sculptures en devenir, était ensuite peint à la gouache par aplats afin de conserver l’aspect mat de la peinture. Le résultat est suffisamment concluant pour accéder à la réalité sans trop d’investissement. La gouache était une peinture peu coûteuse : un choix de matériaux qui faisait écho à la notion du jetable établie par Wang Du. C’est d’ailleurs, ce même type de peinture qui est utilisé par les enfants à l’école maternelle.
Accrochées au plafond, sous forme de rangées curvilignes, ces quinze sculptures s’échappaient de nos mémoires collectives, intégrant un dispositif aérien qui éliminait presque entièrement la sensation de lourdeur des volumes plâtrés. Un mélange incroyable d’histoires et de références aperçues dans des galeries de sculptures au XIXe siècle.
Ainsi, au sein de Réalité jetable, Wang Du présente de nouvelles voies intemporelles mais modernes pour la pratique sculpturale, en contradiction avec la qualité jetable des images médiatiques.

Lorsque Wang Du arrive à Paris, il vient juste d’être libéré d’une prison chinoise dans laquelle il a demeuré pendant neuf mois après les manifestations démocratiques de 1989. La confrontation avec la violence et le caractère oppressif des militaires et de la police l’ont conduit à inclure ces thèmes dans son travail. L’amour et la guerre devenant des déclarations primordiales de notre pauvre condition humaine.
Seungduk Kim, "Une brève plongée dans la Réalité jetable", (in Wang Du, Disposable Reality, Rodin Gallery, Seoul, 2001)